Diversifier sans se disperser : la méthode Ridgedale pour une microferme rentable

Ridgedale n’est pas une ferme comme les autres. Située à 59° de latitude nord, elle ne dispose que de trois mois sans gel par an. Sols pauvres, froid rigoureux, saisons courtes… et pourtant, c’est aujourd’hui l’une des microfermes les plus inspirantes d’Europe.

Richard Perkins s’y est installé en 2013 avec une approche claire : reconstruire du vivant.

En quelques années, il a transformé ce sol stérile en un écosystème fertile et productif, combinant :

• du maraîchage sans travail du sol,

• des poules pondeuses et poulets de chair en parcours mobiles,

• des micro pousses et champignons cultivés sous abris,

• des vaches et moutons pâturant sous agroforesterie.

Chaque atelier a été ajouté progressivement, avec une logique d’ensemble : créer une ferme régénératrice où chaque production nourrit les autres.

La permaculture, à l’origine, n’est pas un rêve bucolique, mais une réponse à une question concrète : comment nourrir une population sans pétrole ?

Elle repose sur l’observation, la sobriété énergétique et la recherche d’efficacité naturelle.

À Ridgedale, elle s’exprime à travers deux principes simples :

• Chaque élément remplit plusieurs fonctions.
  Les poules ne produisent pas seulement des œufs : elles fertilisent le sol et limitent les ravageurs.

• Chaque fonction est assurée par plusieurs éléments.
  La fertilité du sol provient du compost, des animaux, des couverts végétaux et des champignons.

Cette approche systémique permet à la ferme d’être diversifiée sans être dispersée. La biodiversité devient un atout économique.

L’objectif de Ridgedale est clair : produire une nourriture locale tout en améliorant la fertilité du sol.

Chaque décision vise à renforcer ce capital naturel :

• Compost et paillage épais (10 à 12 cm) pour stimuler la vie du sol,

• Allées en bois raméal fragmenté (BRF) pour nourrir les micro-organismes,

• Poules et volailles intégrées dans la rotation pour fertiliser naturellement,

• Haies et arbres pour créer ombrage, brise-vent et microclimat,

• Couverture permanente du sol pour éviter l’érosion.

Résultat : des sols de plus en plus riches, une productivité croissante, et une résilience exemplaire face aux aléas climatiques.

Une microferme rentable ne repose pas sur la chance, mais sur l’organisation.

À Ridgedale, tout est standardisé :

• mêmes tailles de planches (10 m × 75 cm),

• protocoles clairs pour le semis, la récolte et la post-récolte,

• outils simples et utilisés quotidiennement,

• cycles hebdomadaires réguliers pour les micropousses et légumes.

Cette rigueur permet de gagner en vitesse, de réduire les erreurs et de maîtriser les coûts.

Perkins résume bien : “on cultive des microbes, pas des légumes.”

La fertilité devient la priorité, car c’est elle qui garantit la durabilité économique.

Vous pouvez appliquer la méthode sans copier-coller :

• Observer votre terrain : eau, pentes, climat, accès.

• Dessiner le design global avant de produire.

• Poser votre offre selon la pyramide de produits.

• Standardiser vos outils et protocoles.

• Lancer une ou deux productions phares (micropousses, œufs, jeunes pousses).

• Ajuster en continu selon les résultats.

Commencez petit, structurez bien, puis diversifiez.

C’est la seule manière de bâtir une microferme rentable et résiliente.